Nous arrivons donc à la conclusion de cette série sur les pièges à éviter lorsque l’on travaille en groupe. Après le biais de confirmation, l’autocensure ou encore le manque de partage d’information unique, voici venu le temps de vous parler du 4ème biais, et pas des moindres : le conformisme. La meilleure façon de vous faire comprendre ce qu’est le conformisme est encore de vous inviter à visionner la vidéo ci après :
Comme vous l’aurez certainement compris, dans cette vidéo la plupart des participants ont un comportement assez contre intuitif à savoir rester dos à la porte de l’ascenseur. C’est qu’ils sont tous payé par la production, tous, sauf un. Celui au centre de l’image.
Cette vidéo met en lumière notre tendance commune à s’aligner sur les comportements et les décisions du groupe. Même quand c’est un petit groupe, et que les personnes ne se connaissent pas. Imaginez ce que peut produire ce phénomène lorsque les participants ont des liens hiérarchiques les un avec les autres !
Ce phénomène a un nom : il s’agit du conformisme.
Le premier à avoir mis en lumière et à avoir donné un nom à ce comportement de meute intériorisé est le psychologue américain Solomon Asch. L’expérience qu’il a mené dans les années 50 pour démontrer ce comportement ressemble étrangement à notre expérience de l’ascenseur.
Il a réuni 10 personnes autour d’une table et leur a posé une question simple : quel est le trait de droite qui a la même longueur que celui de gauche ?
Dans l’expérience d’origine, la différence de taille entre chacun des traits est de 1,5 cm. Il n’y a donc pas de doute possible. Sauf qu’ici aussi, sur les 10 personnes participant à l’expérience il y en a 9 payées par l’expérimentateur pour proposer une solution fausse (mais toujours la même) et une personne prise réellement au hasard. Les résultats sont sans appel. Dans 70% des cas les personnes finissent par s’aligner sur la décision du groupe. Alors qu’elles savent pertinemment que leur proposition est fausse. Glaçant comme résultat ?
Et bien pas tant que ça.
C’est même assez naturel quand on y réfléchit. Nous avons tous appris en reproduisant le comportement des autres : nous avons appris à marcher en imitant les adultes marcher. Nous avons appris à parler en écoutant les gens parler… C’est même une stratégie qui peut être payante. Pendant des années j’ai vécu dans une rue dans laquelle on devait se garer 15 jours d’un coté, 15 jours de l’autre coté. Je pense que je n’ai jamais vraiment su quelle était la quinzaine. Ma stratégie ? Je regardais où étaient garées les autres voitures, et je me garais du même coté. Et la stratégie était plutôt gagnante.
Oui mais voilà, lorsqu’il s’agit d’animer des groupes c’est une autre paire de manches. Lorsque l’on cherche à tirer le meilleur d’un groupe, il s’agit d’éviter au maximum ce genre de comportement qui peut appauvrir la production d’un groupe, voire aboutir à des décisions aberrantes et dangereuses. J’ai longtemps conclu mes ateliers et formations par un tour de table pour connaitre le ressenti des participants. Et bien je ne le fais plus. Non pas que les tours de table n’aient pas d’intérêt, mais c’est une bien mauvaise méthode pour connaître l’avis des participants. Invariablement au bout du 3ème participant, tout le monde s’alignait sur l’avis du groupe et n’exprimait presque jamais un avis dissonant.
Alors comment éliminer le conformisme me direz-vous ?
Et bien nous avons identifié 3 leviers pour l’éliminer ou du moins le réduire :
Voici donc la fin de notre série sur les pièges à éviter lorsque l’on fait travailler un groupe. Vous êtes maintenant armé pour naviguer dans la jungle du collaboratif et tirer le meilleur d’un groupe.