Atelier collaboratif et brainstorming : Attention aux idées de merde !

Sacha2

Avant tout chose, un grand merci à notre illustrateur préféré, Marc Bourguignon qui nous offre ce magnifique sketchnote.

Notre époque est de plus en plus collaborative. Nous voyons fleurir un peu partout des démarches qui impliquent de plus en plus les parties prenantes : innovation participative, innovation collaborative, démarche participative…

De plus en plus de décideurs réalisent que le collectif permet de créer une dynamique et un engagement que l’on ne retrouve pas dans d’autres démarches.

Dans les collectivités, les initiatives fleurissent pour mobiliser les citoyens autour d’enjeux de la ville comme en témoigne l’initiative « La Loire et nous » à Nantes.

La nécessité d’avoir une démarche collaborative est donc aujourd’hui admise par beaucoup d’entre nous. Oui, mais qu’est-ce que se passe si le collectif aboutit à des idées de « merde ». Car oui nous sommes persuadés, qu’ensemble nous sommes infiniment plus créatifs et meilleurs que des experts, mais ne nous voilons pas la face. Ensemble on peut aussi être très con. Faire travailler un groupe ce n’est pas si simple. Il ne suffit pas de mettre des personnes ensemble pour que la magie opère.

Tout d’abord, il faut bien veiller à éviter les biais du travail en groupe comme le conformisme ou le groupthinking qui tirent la performance d’un groupe vers le bas.

Et puis il faut aussi aider à libérer leur potentiel créatif. Des années d’éducation cartésienne ont bien souvent eu raison de notre potentiel créatif comme en témoigne l’excellentissime conférence de sir Ken Robinson. Il faut donc faire travailler notre pensée divergente, notre pensée latérale comme l’appelle Edward de Bono. Il n’y a pas de fatalité, il existe des outils que l’on peut retrouver notamment dans l’ouvrage « La boite à outils de la créativité« . Il s’agit de forcer les participants à sortir du cadre, à envisager les choses de façon différentes pour sortir de leur mode de fonctionnement classique. Car sinon on risque vite de retomber sur des solutions banales et déjà vues.

Mais j’irai même plus loin.

L’innovation, c’est 2% de créativité et 98% de connaissance

En d’autres termes, être créatif c’est indispensable, mais ça ne suffit pas. Pour générer des innovations, c’est-à-dire des idées originales qui ont de la valeur, il faut également des connaissances.

Pour augmenter le niveau général de connaissance d’un groupe, il y a plusieurs possibilités qui ne sont pas exclusives :

Faire de la veille. Être curieux et s’intéresser à d’autres domaines que le sien, c’est un des meilleurs moyens d’être créatif. Pour se faire, il existe de merveilleux outils dont nous vous avions déjà parlé.

Mélanger les profils. Plus vous mélangez les types de participants et plus votre réflexion sera riche. Chaque type de participant vient avec ses connaissances bien différentes les unes des autres ce qui enrichit le niveau de connaissance globale. Plus les participants sont différents, mieux c’est. Pourquoi ne pas faire intervenir des étudiants à l’occasion de votre prochain brainstorming par exemple ? C’est d’ailleurs ce que propose Samuel Tiercelin avec Open Odyssey.

Faire intervenir une personnalité inspirante. En début de session de créativité, nous conseillons souvent à nos clients de prévoir une intervention décadente. Une personnalité inspirante, c’est un très bon moyen de placer la session de créativité sur de bons rails et de pousser les participants à envisager les choses de manière différentes. C’est une invitation à sortir du cadre.

Souvent quand nous échangeons avec d’autres facilitateurs en leur demandant si une session s’est bien passée, on nous répond : « très bien, ils étaient contents ». Désolé de jouer nos rabat-joie, mais nous pensons que ça ne suffit pas. Que les participants soient contents ce n’est pas une finalité en soi. Si l’objectif est qu’ils soient vraiment contents, il suffit de les emmener à Disneyland. Le plaisir c’est un moyen pour obtenir le meilleur d’un groupe. On néglige trop souvent la qualité de ce qui a été produit par un collectif. C’est pourtant primordial. Car si ce qui est produit n’est pas exploitable, même avec la meilleure volonté du monde, on ne pourra pas donner suite aux ateliers collaboratifs. Ce qui signifie que l’on aura mobilisé les participants pour rien. Difficile dans ces conditions de leur demander à nouveau de s’investir dans une nouvelle démarche participative. On pensera alors que tout ça, c’est du vent et que ça n’aura servi à rien.

Alors oui au collaboratif, mais attention à la qualité de ce qui est produit. N’oubliez pas « un groupe est une richesse » alors ne la gâchons pas.