Vous voici devant votre ordinateur à relire le compte rendu de votre dernière réunion et vous repensez à l’envolée de Didier qui en pleine séance s’est mis à pilonner votre proposition avec une mauvaise foie et un aplomb inouï. Bien sûr, vous vous rendez bien compte maintenant que ses arguments ne tenaient pas la route mais il est tellement toujours persuadé qu’il sait mieux que tout le monde que des fois ça vous fait douter. Vous pensez alors au jour où un institut pharmaceutique inventera une solution d’humilité en spray qui par une simple vaporisation permettrait de vacciner les gens prétentieux. Vous en commanderiez bien 2 caisses pour Didier pour être sûr qu’il ne rechute pas. Et bien non ! Ne faites surtout pas ça ! Je sais que ce que je vais vous dire peut paraitre incongru mais la société a besoin des gens prétentieux, si si. Rangez vos pulvérisateurs, on a besoin de lui.
Nous vous avons déjà parlé du groupthinking et des risques à travailler en groupe mais nous ne vous avions pas parlé de la cascade d’informations. La plupart du temps un groupe se révèle être meilleur que le plus brillant de ses membres comme le démontre l’expérience de Francis Galton. Mais tout ceci marche à condition que les membres d’un groupe ne s’influencent pas outre mesure car sinon on perd le bénéfice du collectif. Et bien la cascade d’informations, c’est justement ça. C’est lorsque les individus se fient plus au groupe qu’à leur propre jugement. Lorsque les principales informations que l’on prend en compte sont celles liées au groupe.
Prenons un exemple simple : il existe 2 restaurants chinois côte à côte. Le premier, « la fleur de Shangaï » est objectivement le meilleur restaurant de la ville alors que le 2ème, « le soleil levant » n’est qu’au mieux médiocre. Un couple ne disposant d’aucune information sur ces 2 restaurants décide d’aller diner au soleil levant. Voyant ce couple se diriger vers ce restaurant, un 2ème couple les imite. 2 couples qui vont au « soleil levant » c’est que ce restaurant ne doit pas être mal, se dit un groupe d’amis qui cherchait où diner. Et ainsi de suite jusqu’à ce que « le soleil levant » soit plein à craquer et « la fleur de shangaï » désespérément vide ce qui est pour un restaurant la preuve irréfutable que c’est un mauvais restaurant. Non ?
Vous avez compris le principe. Tout le monde pense que les gens prennent des décisions à partir de ce qu’ils savent alors qu’ils prennent en réalité des décisions en fonction de ce qu’ils pensent que les gens avant eux savaient (vous me suivez toujours?). La cascade d’informations devient alors une séquence de choix non informés.
Mais il y a pire, ce même phénomène se reproduit avec M Pokora : « tout le monde écoute M Pokora, c’est que ce doit être bien, moi aussi je vais écouter ». NON ne faites pas ça, vous êtes victime d’une cascade d’informations. Ou alors vous êtes une adolescente pré-pubère. Bon dans les 2 cas n’écoutez pas, ça vaudra mieux.
Mais à quel moment intervient Didier le prétentieux me direz-vous ?
Comme vous ne le savez que trop, Didier comme tous les prétentieux est persuadé qu’il sait mieux que les autres même si la réalité lui donne régulièrement tort. Et bien c’est justement ce qu’il nous faut dans le cas présent, des gens qui ne se fient pas aux autres et qui restent persuadé qu’ils ont raison contre l’avis général. Imaginez Didier devant les 2 restaurants chinois. Persuadé qu’il vaut mieux que les autres, il se serait rendu sans hésiter à la « fleur de shangaï » et aurait certainement fait douter bon nombre de clients qui se seraient posé la question « mais au fait quel est le meilleur restaurant ? ». De même Didier n’écouterait pas M Pokora pour faire comme tout le monde. Il écouterait certainement Christophe, persuadé qu’il a raison contre la plupart de ses contemporains (j’ai pas dis que c’était mieux mais au moins ça équilibre).
Ce sont donc les gens qui se fient plus à leurs informations et leur jugement qui ont le pouvoir de rééquilibrer la balance et rendre le groupe meilleur. Alors même si ça peut faire mal, aller dites le avec moi : MERCI DIDIER.
Cette histoire est directement issue du très bon livre « La sagesse des foules » de James Surowiecki. Je vous le recommande chaudement !