C’est grâce à la rencontre de Julien Goby de WILD IS THE GAME que nous avions interviewé pour le blog, que nous publions aujourd’hui notre premier article invité. En effet, Olivier Percevaut, collaborateur de Julien chez WILD IS THE GAME nous fait l’immense honneur de nous écrire une série d’articles sur le métier de facilitateur. Il nous raconte simplement et généreusement ses débuts en tant que facilitateur et nous donne quelques clés du métier de la facilitation.
Dans cette première chronique, Olivier explique l’enjeu qu’a le facilitateur à se détacher du fond afin de garantir son objectif : celui de tenir son dispositif de facilitation du début à la fin de la session de travail.
Encore un grand merci à Olivier !
Quand on débute dans la facilitation du travail collaboratif – comme moi depuis Octobre 2013 chez Wild is the Game – il y a quelques erreurs que l’on est content d’avoir commis. Parce qu’au fond, elles sont pleines de bonne volonté, et qu’elles permettent de s’éloigner de l’image de l’ « Affreux Facilitateur ».
Erreur #1 : Perdre de vue le contenu
Voilà, tout a fonctionné. Tout a été sécurisé :
Il est 22h00 , ma sponsor conclut consciencieusement la soirée en synthétisant l’ensemble des idées générées. Nous l’écoutons tous religieusement.
Sauf moi. Je réalise que je ne comprends pas ce qu’elle dit. Elle parle chinois. Je suis trop fatigué, j’ai été trop attentif aux milles détails pour être en capacité de m’intéresser au contenu de la session elle-même. Je n’arrive pas à savoir si ce qu’elle dit est crucial ou anecdotique. Dans le doute je tends l’oreille avec bienveillance et maintiens un semblant de regard éveillé. Mais mon cerveau bloque. Ce faisant j’ai aussi du mal à évaluer la qualité du travail fourni – et donc la réussite de la session sur laquelle je me suis investi.
Pourquoi c’est une erreur à commettre par le facilitateur ?
Imaginons le pire facilitateur qui soit, appelons-le « Affreux Facilitateur ». L’Affreux Facilitateur n’a aucune conscience de l’agenda. En phase 1, il se rappelle qu’il doit enchaîner sur la phase 2 seulement 10 secondes avant le gong. C’est aussi là qu’il réalise qu’il n’a pas lancé son chrono.
En plus des blagues hors propos qu’il tente en public, mettant son ego au centre, l’Affreux Facilitateur veut néanmoins rester « sachant ». Il promet de maîtriser la session tout seul, mais veut pouvoir briller de subtilité, surtout auprès de son sponsor.
L’Affreux aura alors le défaut tentant de vouloir écouter, réfléchir et rentrer dans le contenu de ce est dit. Au risque, d’une part, de prendre la place du sponsor qu’il vient aider, et au risque, d’autre part, d’oublier son rôle. Aussi, il s’est vite pardonné d’avoir pris 40 minutes de retard (mais les participants eux, n’oublient pas). Car en restant concentré sur le fond, il a considéré les listes de groupes des ateliers comme secondaire. Et l’imprécision de ses consignes orales a achevé d’enterrer le zeste d’énergie qu’il restait à l’audience. Je passe sur les 1000 exemples possibles. Mais voilà: l’Affreux est content : il « sait » ce qu’il s’est passé. Dommage pour lui, il a perdu son pari de facilitateur. Et peut-être la confiance de son sponsor.
Quelle leçon tirer pour le facilitateur ?
L’enjeu est avant tout de pouvoir faire tenir le dispositif de facilitation. Etre conscient des tâches qui nous attendent est la première chose. Libre à nous de les exécuter ou de les confier à des gens compétents. Quant à juger de la qualité de la session, l’astuce c’est bien souvent de sécuriser la qualité / l’ingénuité du design de la session en amont.
Vis à vis du contenu, c’est le plus délicat, il s’agit de tendre l’oreille pour écouter et intervenir. Mais il n’est pas question d’entrer dans le contenu. Restons simplement concentré sur la façon dont il est traité.
Olivier Percevaut – @Wildisthegame