Notre monde change à grande vitesse… parfois trop vite. Télétravail, hyperconnexion, IA générative, burn-out, quête de sens… Le monde du travail tangue, et les équilibres que l’on croyait solides vacillent.
Au Worklab, on s’est posé ces questions :
Et si les nouvelles attentes autour du bien-être au travail n’étaient pas un luxe, mais le symptôme d’un modèle à bout de souffle ?
Et si, derrière les discours sur la qualité de vie, se cachait un vrai enjeu de transformation profonde des organisations ?
LOST IN TRANSITIONS, c’est notre expédition pédagogique. Une série de rencontres avec celles et ceux qui font déjà bouger les lignes. Pour apprendre, questionner, et construire, ensemble, de nouvelles manières de travailler.
Dans ce 2ème épisode, Alison Caillé, psychologue et docteure en R&D en psychologie du travail et des organisations chez Empreinte Humaine, nous embarque dans une analyse lucide et éclairante sur le bien-être en entreprise. Elle nous aide à distinguer les vraies causes des effets, à sortir des gadgets QVT pour remettre de l’humain, du sens et de la cohérence au cœur du travail.
On aurait pu s’en douter : parler de stress, de burn-out ou de santé mentale n’est pas (encore) un réflexe naturel dans beaucoup d’organisations. Mais aujourd’hui, les chiffres ne laissent plus le choix : près d’un salarié sur deux est en détresse psychologique. Oui, 1 sur 2 !
La crise sanitaire a agi comme un révélateur brutal : isolement, perte de repères, quête de sens. Les certitudes managériales ont vacillé, les attentes ont changé. Et il est désormais impossible de faire comme si de rien n’était.
Le bien-être, ce n’est pas une question de fontaine à eau vitaminée. C’est une mécanique bien plus subtile, qui touche à la reconnaissance, à l’organisation du travail et au lien humain.
Voici les racines du mal, identifiées par Alison :
Et non, ce ne sont pas des nouveautés! Mais l’époque ne nous laisse plus le choix : il faut s’y attaquer. En profondeur.
Bonne nouvelle : il existe des leviers. Alison nous propose une approche structurée en trois niveaux de prévention, pour passer d’un mode pompier à une vraie stratégie.
1. La prévention primaire : anticiper les risques en identifiant les facteurs de stress et en agissant à la source. Cela passe par des diagnostics réguliers, une meilleure organisation du travail et une réduction des facteurs de tension.
2. La prévention secondaire : outiller les salariés et les managers pour mieux gérer les difficultés. Formations, sensibilisation aux signaux de stress, accompagnement managérial… Autant de leviers essentiels.
3. La prévention tertiaire : intervenir rapidement et efficacement lorsqu’une situation de crise survient. Cela peut inclure des cellules d’écoute, un suivi psychologique et des actions de soutien pour les salariés en difficulté.
Un modèle qui parle vrai, et qui agit là où ça compte. Parce que le bien-être ne se règle pas à coup de smoothies détox.
On veut plus qu’un job. On veut du sens, de l’impact, une cohérence entre ce qu’on fait et ce qu’on croit. Et quand ce n’est pas le cas, ça peut donner :
Les entreprises qui réussiront demain sont celles qui donnent à leurs équipes un récit collectif, une boussole, une mission qui fait vibrer.
On parle beaucoup de responsabilisation, d’empowerment, comme solution miracle aux enjeux du travail moderne. Et il est vrai que l’idée séduit : permettre à chacun de prendre des décisions, s’organiser librement, piloter ses missions avec plus d’autonomie. Un modèle qui repose sur la confiance, la délégation, et un nouveau rapport au pouvoir.
Mais attention, rappelle Alison : l’autonomie ne se décrète pas, elle se construit. Car livrer les salariés à eux-mêmes, sans soutien ni préparation, c’est courir le risque de générer encore plus de pression. Une autonomie imposée sans accompagnement peut vite se transformer en solitude décisionnelle, en stress, voire en sentiment d’abandon.
Pour que cette dynamique fonctionne, certains ingrédients sont incontournables :
En somme, l’autonomie ne peut pas être un prétexte pour désengager les managers. Elle appelle au contraire un management plus humain, plus présent, plus à l’écoute. Un management qui guide sans contraindre, qui soutient sans contrôler.
Le bien-être au travail, ce n’est pas un supplément d’âme. C’est un enjeu stratégique majeur, un levier de performance, d’attractivité et de fidélisation. Dans un monde professionnel en mutation rapide, il devient même un marqueur de résilience organisationnelle.
Mais attention, prévient Alison : il ne s’agit plus d’ajouter quelques “bons moments” au calendrier RH. Ce qu’elle défend, c’est une approche structurelle et systémique, capable de remettre en question les fondements mêmes de notre manière de travailler. Il est temps de sortir des dispositifs de surface et d’engager une transformation en profondeur.
Cela suppose de faire évoluer les postures, les process, les manières de manager. De faire dialoguer les métiers, d’écouter les signaux faibles, de valoriser les initiatives locales. Et surtout, de reconnaître que cette transformation est l’affaire de tous les acteurs de l’organisation : dirigeants, managers, collaborateurs.
Car la question n’est plus de savoir si ces transformations sont nécessaires. La vraie question, c’est : comment allons-nous les rendre possibles, concrètes, durables ?
Alors, on commence quand ?
Envie d’aller plus loin ? Découvrez l’interview complète d’Alison Caillé et et plongez dans sa lecture lucide et engagée des transformations nécessaires pour remettre le bien-être au cœur du travail.
Et si votre entreprise était déjà prête à faire du bien-être un véritable levier de performance ?
Contactez-nous pour évaluer ensemble votre maturité sur ces enjeux… et dessiner, avec votre collectif, les prochaines étapes.