Manager Participatif pour LISG

Mélanie Poulain : c’est quoi un manager participatif ?

C’est avec une fierté tintée d’émotion que nous vous proposons aujourd’hui, un article de Mélanie Poulain, manager dans un grand groupe bancaire. Appelons ça manager participatif, manager facilitateur ou en encore manager 2.0, l’idée est bien là : un nouveau mode de management se dessine. Un management où la confiance remplace le contrôle et où l’empathie s’impose sur l’autorité. Et bien Mélanie correspond exactement à cette description. 

Alors plutôt que d’écrire un énième article théorique sur le sujet du management participatif, nous avons préféré donner la parole à un manager, un vrai, pour partager son expérience. Alors un grand merci à Mélanie pour ce superbe témoignage.

C’est aussi pour nous l’occasion de vous présenter une nouvelle formation dans notre catalogue : il était une fois un manager participatif et que Mélanie nous fera le plaisir d’animer. La première aura lieu le 14 janvier 2016, nous en reparlerons !

manager participatif

J’ai longtemps souffert du complexe de l’imposture. Pourquoi je suis manager, qu’est-ce qu’on attend de moi, en quoi suis-je utile ? D’ailleurs, à quoi ça sert, un manager ?

Le doute est l’enfer et le moteur de mon quotidien.

Ou l’art d’apprendre sur le tas. Avec peu d’armes en vérité, j’ai fait de mon mieux et avec ce que je suis. Empathique, plutôt sensible et à l’écoute, on pourrait dire de moi que j’ai longtemps été une « maman », avec un haut niveau d’exigence.  Comment faire pour que tout le monde aille bien, pour que chacun soit entendu dans ses besoins et développe son potentiel, pour que la qualité soit au rendez-vous, que l’entreprise soit satisfaite ? Ce n’est pas viable au long cours… Trop de contrôle, de l’ingérence parfois, une charge de travail non soutenable pour compenser et répondre à mon niveau d’exigence. Et certainement, au-delà de la course infernale, un manque d’humilité et de respect vis-à-vis de mon équipe.

Laissez-moi vous raconter une histoire… l’histoire de ma transformation, celle qui fait de moi aujourd’hui un « manager participatif », selon les termes consacrés.

Je suis responsable d’un service d’organisation (d’une vingtaine de personnes) dans une entreprise informatique (environ 1200 collaborateurs) d’un grand groupe bancaire. Cette entreprise, éclairée par un diagnostic culturel – réalisé par un cabinet d’anthropologues- et portée par la conviction de ses dirigeants d’un nécessaire enjeu de transformation, s’est lancée dans un pari merveilleux : casser les silos, installer plus d’agilité, plus de collaboration, plus de sincérité, plus de créativité.

En parallèle, je suis imprégnée de culture littéraire, curieuse de pédagogies alternatives, inspirée par les modèles d’éducation positive, et sensible aux démarches sociologiques. J’ai lu, beaucoup lu…[1]

Sans doute le cocktail qu’il fallait pour prendre à bras le corps le défi qui m’était proposé : trouver des leviers pour concourir à l’objectif de notre plan stratégique « mieux travailler ensemble ».

Nos recherches en matière de collaboration, d’agilité, de jeux sérieux, d’intelligence collective nous ont permis de développer une offre riche de plus de 200 pratiques collaboratives. Nous avons mis en mouvement l’entreprise pour essaimer progressivement ces nouvelles façons de travailler, libérant ainsi un potentiel de créativité et d’autonomie sans doute « endormi » derrière les procédures.

Et parce que je suis une adepte de l’expérimentation, j’ai décidé de tout tester grandeur nature avec mon équipe : nous sommes devenus un laboratoire de collaboration ! Et j’ai commencé à toucher du doigt les vertus d’un modèle décloisonné, où chacun est engagé, où la solidarité est reine, où le manager se met au service de son équipe. Zone de non-retour franchie : une équipe performante, une parole libérée, des initiatives tous azimuts, de la créativité, du culot, de l’engagement, de l’enthousiasme et du plaisir !

Pas de baguette magique, non, mais une intention et quelques outils, des tâtonnements et de la bienveillance. Voici quelques exemples issus de mon expérience :

  • Du management visuel et un temps régulier de synchronisation collective
    Faire court, efficace, se donner des feed-backs d’avancement sans intermédiation hiérarchique, sur la base d’un support visuel co-construit et ajusté à notre contexte. Une de mes 1ères initiatives, qui vit depuis plus de 3 ans désormais. Lieu où le manager se fait transparent car les interactions sont d’abord celles de l’équipe.
    #managementvisuel ; #standup ;
  • Une affectation des tâches proche de l’auto-organisation, vers le Graal « point sucré »
    « Parking », c’est le nom de l’aire d’accueil qui reçoit toute nouvelle mission à réaliser. Sur cette base, je présente chaque nouvelle tâche lors de notre synchronisation hebdomadaire. Chacun me signifie ensuite ses souhaits. C’est sur la base de ces retours que j’affecte ensuite les tâches, en n’intervenant que dans les cas qui le nécessitent (trop de postulants ou pas assez !).
    J’emprunte à Gore Tex la terminologie « point sucré » (« sweet spot ») : s’attacher toujours à trouver l’adéquation entre les besoins de l’entreprise, les aspirations du collaborateur et ses compétences.
  • Un manager au service de son équipe
    Des réunions individuelles hebdomadaires très courtes (10 minutes) pour identifier les blocages potentiels, un arbre à problèmes pour faire jouer la solidarité et m’attribuer in fine les problèmes que l’équipe n’est pas en mesure de résoudre à son niveau. Pratique instructive et libératoire !
    #speed-meeting ; #arbreaproblemes ;
  • Des louanges et des célébrations
    Toutes les 2 semaines, des créneaux « place du marché » sont réservés pour que chacun prenne la parole devant l’équipe et diffuse ses retours d’expériences, mette en lumière ses réussites. Un mur des trophées vient matérialiser les feed-backs positifs de nos clients et rappelle à notre souvenir nos réussites.
    #murdestrophees ; #placedumarche
  • Une démarche d’adaptation continue
    Une après-midi, tous les 2 mois pour se poser, prendre du recul et s’interroger sur notre fonctionnement. Une source de renouvellement intarissable, un temps pour se dire ce qui pêche, des perspectives d’innovation ! A consommer sans modération.
    #retrospectiveenetoile ; #speedboat ;

Un message à retenir ? Oser l’émotion, favoriser le dialogue, partager les visions et surtout… lâcher-prise…  Je suis une manager heureuse, régulièrement surprise et résolument enthousiaste !

« L’art de diriger consiste à savoir abandonner la baguette pour ne pas gêner l’orchestre », Herbert von Karajan.

[1] François Dupuy, Célestin Freinet, Henri Laborit, Marcus Buckingham, Jean-François Zobrist, Dominique Dupagne…

PS : merci encore à notre illustrateur hors pair @100978Marc qui comme le bon vin, se bonifie avec le temps…