Connaissez-vous la différence entre la bonne et la mauvaise facilitation ?
Non, non…Ce n’est pas comme la différence entre un mauvais et un bon chasseur 🙂
Ici, il y a bien une différence : le bon facilitateur définit/challenge/pose ou se pose les bonnes questions pour définir le terrain de jeu qu’il va proposer à son groupe.
À la lecture de cet article vous maîtriserez donc la condition sine qua non, celle sans qui rien ne serait possible, l’huile essentielle de la facilitation. Je veux parler du terrain de jeu collaboratif.
Définir le bon terrain de jeu est nécessaire pour s’assurer que l’on sollicite le collectif à bon escient et pour garantir une concordance entre ce que l’on souhaite obtenir du groupe de travail et ce que l’on peut attendre de celui-ci.
Une fois le terrain de jeu collaboratif défini par le commanditaire ou par vous-même, il est important de l’expliquer clairement aux participants pour qu’ils sachent à quoi ils s’engagent. Grâce à cela, le groupe pourra avancer efficacement pendant l’atelier puis adhérer à la production. In fine, respecter le bon terrain de jeu favorisera un impact maximal !
Le terrain de jeu idéal pour un temps collectif c’est :
Parce qu’on ne fait pas jouer au rugby à des danseurs étoile.
Parce qu’on ne lance pas une course d’orientation sans donner les coordonnées du point d’arrivée.
Parce qu’on ne marque pas de but au handball sans connaître le nombre de pas autorisés balle en mains ni voir le marquage au sol du bord du terrain.
Parce qu’on ne donne pas toute son énergie dans un parcours du combattant sans savoir que cela permettra à son équipe de remporter les olympiades !
Le terrain de jeu a son importance à tous les stades (petit jeu de mot, terrain de jeu /stade…hihihi) . Il se définit avant, se communique avant et pendant et continue de se respecter après l’issue d’un temps collectif.
A titre principal, le terrain de jeu se dessine au début de la préparation de l’atelier, lors de la prise de brief. Le facilitateur questionne le commanditaire sur tous les éléments décrits jusqu’ici. Au-delà de l’aider à expliciter, le facilitateur a le devoir de challenger le commanditaire pour, si besoin, remettre en cause qu’il avait imaginé. A ce stade, le commanditaire doit être au clair sur ce qu’il souhaite obtenir, ce qu’il peut demander au groupe et sur la promesse qu’il va tenir en échange de l’implication du groupe.
Dès l’invitation à participer au groupe de travail, les participants doivent recevoir une présentation du travail qui leur est demandé.
Sans se reposer sur la communication utilement faite en amont, il est important de poser le cadre en début d’atelier pour rappeler tous les éléments du terrain de jeu collaboratif. Il est encore temps de lever d’éventuels quiproquo.
Pendant tout le temps de l’atelier, l’extériorité et la neutralité du facilitateur sont le gage du respect du terrain de jeu collaboratif. Tant que le groupe reste dans le cadre fixé, l’évolution de son travail doit être respecté. En revanche, le facilitateur peut utilement intervenir pour rappeler le cadre si le groupe dévie. Pour plus de détail, vous pouvez vous inspirer du concept de facilitateur-joueur de curling dans l’article « C’est quoi être facilitateur ».
Oui on aime bien la métaphore sportive au Worklab…
La fin d’un atelier ne marque pas la fin de l’histoire. Puisque l’on cherche à éviter l’effet « soufflet qui retombe » (pour changer de l’univers sportif), le terrain de jeu a encore son mot à dire à l’issue de l’atelier. Il s’agit pour le commanditaire de tenir la promesse faite au groupe en amont. La production du groupe qui entre dans l’espace de liberté qui lui avait été accordé devra trouver un écho ! Mieux vaut y songer en amont.
En conclusion, je tiens à vous rassurer. Poser des limites d’entrée de jeu est totalement OK. Loin d’être tabou, un groupe appréciera la transparence et l’honnêteté dans la présentation tant qu’il a la garantie que son travail sera entièrement respecté à l’issue. A l’inverse, un groupe supportera difficilement de se sentir floué par une censure impromptue ou une mise au placard sans crier gare.