definition facilitateur

Comment je suis passé de consultant à facilitateur ?

  • Oui je l’avoue, j’ai été consultant.
  • Oui, j’ai porté des cravates sur une chemise bleue ciel (mais jamais de chemisette, j’avais quand même des principes).
  • Oui, j’ai prononcé des phrases du type « pour faire converger les enjeux du COMEX autour d’un objectif partagé au niveau du CODIR, il faut fédérer les énergies et adresser les problématiques en COMICS et les décliner en COPIL en  s’assurant de l’adéquation des préconisation du COVAR »  (un intrus s’est glissé dans cette phrase, trouve-le et tu gagneras toute notre admiration).
  • Oui j’ai posé des milestones asap pour donner une helicopter view de la strat bottom-up. Mais ça c’était avant. Je me rince régulièrement la bouche au vinaigre en signe de repentance.
  • Car aujourd’hui je suis facilitateur. J’interviens toujours dans des entreprises, je suis toujours là pour résoudre des problèmes, mais au-delà de l’absence de cravate, il y a quelques différences notables.

Un facilitateur c’est quoi ?

Commençons par le commencement.

Et oui au fait c’est quoi un facilitateur ?

Pour nous  la facilitation, c’est l’art de faire travailler un groupe. C’est l’art d’amener un groupe à collaborer, dans le sens premier du terme « co » (ensemble) « labor » (travail). Car ce n’est pas forcément inné, ou dans tous les cas ce n’est pas quelque chose qui est favorisé dans notre société.

Souvenez-vous la dernière fois que vous avez tenté de « collaborer » en interro de maths, je ne pense pas que l’on ait mis en avant votre esprit collaboratif.

Et pourtant travailler ensemble c’est essentiel…et de plus en plus.

Pour résoudre les problématiques actuelles, on doit fatalement s’y mettre à plusieurs. On a besoin de différentes expertises, différents points de vues : on doit collaborer !

Et bien un facilitateur c’est ça. C’est quelqu’un qui va aider un groupe à collaborer.

Quand j’étais consultant…

Quand j’étais consultant, j’avais le savoir, je donnais des préconisations, je montais des dossiers. Le gros de mon boulot consistait à faire des interviews, à les synthétiser et finalement à donner mon avis d’expert sur la solution à choisir. Et bien souvent le commanditaire de ma mission de conseil s’empressait de ne pas en tenir compte en arguant que de toute façon, c’était le truc du consultant. Et mon dossier finissait dans ce que j’appellerai plus tard le « paradis des dossiers perdus », au dessus du dossier du consultant précédent.

Même si cette réalité est cruelle, elle n’en ai pas pour autant surprenante. Ces années de consultant m’ont convaincu d’une chose : les gens ne sont d’accord qu’avec les idées qu’ils ont produites. Un même plan d’action, s’il est imposé par la direction ou co-construit par l’équipe qui doit le mettre en oeuvre n’a pas du tout les mêmes chances de survie.

Souvenez vous :

E = QxA

L’efficacité d’une idée est égale à sa qualité multipliée par l’adhésion. En d’autres termes, une idée, aussi bonne soit-elle, n’aura aucune efficacité si elle ne remporte pas l’adhésion.

Et c’est bien pour cette raison que j’ai décidé d’arrêter d’être consultant.

Le jour où je suis devenu facilitateur

Je dois bien vous avouer que j’ai fini par être lassé de voir mes jolis dossiers finir en cale pour des bureaux bancals. J’ai donc décidé de changer de posture. Et si plutôt que de me positionner comme un sachant, je permettais aux parties prenantes de co-construire eux-même LEUR solution.

J’ai donc inversé la vapeur.

J’ai mobilisé dès le début, à travers des ateliers, les mêmes personnes à qui je présentais mon dossier à la fin de mes travaux. J’y ai inclus les parties prenantes, les personnes directement concernées et/ou qui peuvent y apporter de l’expertise. Je les ai aidé à co-construire leurs solutions, leurs préconisations. Les critiques qui venaient à postériori détruire le fruit de mon travail étaient ici de précieuses indications pour l’améliorer. Et surtout, la position des participants était radicalement différente. Il ne s’agit plus de « la solution du consultant », mais de leur solution. Une solution qu’ils sont tous prêts à défendre et à promouvoir.

Alors oui bien sûr tout ne peut pas se faire dans le cadre d’un atelier. Il y a forcément du travail en chambre. Mais initier ce genre de dynamique, c’est travailler mieux, s’assurer d’un meilleur livrable et ramener une notion qui nous parait essentielle : le plaisir de construire ensemble et de prendre en considération la parole de chacun.

Et c’est aussi un excellent moyen d’accompagner au changement. Les solutions co-construites sont forcément mieux acceptées.

PS : je vends un lot de cravates, très bon état pour ceux que ça intéresse…